Burkina Faso: cri de femme

Burkina Faso: cri de femme

«Le Songe d’une nuit d’été» William Shakespeare à la sauce africaine

Une pièce d’un auteur anglais-William Shakespeare-jouée par des comédiens burkinabè et un nigérien : c’est le pari audacieux qu’a tenté le metteur en scène belge Isabelle Pousseur. Deux heures et demie d’horloge durant, les acteurs ont su tenir le public en haleine, à travers une réadaptation africaine d’une fable anglaise. 


Bagarre entre prétendants rivaux. Dans la peau de Lysandre et Démétrius, deux personnages aux noms à consonance grecque, les comédiens burkinabé (Gérard Ouédraogo et Hyacinthe Kabré) se battent pour la main de la belle Hermia (Safourata Kaboré) devant le père de celle-ci. Le public, attentif, suit ce spectacle. Ils sont plusieurs centaines de personnes, nationaux comme expatriés, à assister ce vendredi 2 novembre, dans la cour de l’INAFAC à Gounghin (Ouagadougou), au Songe d’une nuit d’été, une pièce de l’auteur anglais William Shakespeare (1564 -1616), revisitée par Isabelle Pousseur et treize comédiens pour la plupart burkinabé.

Egée, le père de Hermia, joué par le comédien Serge Henri, prend à témoin le duc d’Athènes, Thésée, interprété par Sidiki Yougbaré. Egée explique au duc que sa fille refuse d’épouser Démétrius qu’il a pourtant choisi pour elle, car elle est amoureuse de Lysandre. Egée demande au duc que, si sa fille persiste dans son refus, on lui applique l’ancien privilège d’Athènes : «C’est, ou de subir la mort, ou d’abjurer pour toujours la société des hommes». Devant un tel dilemme, les amants décident de s’enfuir par la forêt. Survient alors Héléna (Aminata Abdoulaye), amoureuse de Démétrius. Ayant entendu le projet des amoureux, elle le raconte à son tour à Démétrius qui décide aussitôt de rejoindre sa belle Hermia dans la forêt. Dans l’impossibilité de vivre sans son Démétrius, Héléna s’enfonce aussi dans la forêt, suivi peu à près d’une troupe de comédiens amateurs, préparant une pièce pour le mariage du Duc Thésée. S’en suit alors un chassé-croisé ou le roi des elfes, Oberon (Sidiki Yougbaré) et Puck (Anatole Koama), un esprit malicieux et coquin à sa solde, prennent tour à tour en main, la destinée des différents protagonistes. Telle est l’histoire quelque peu complexe de cette pièce jouée en français par  des comédiens qui n’hésitent pas, parfois, à lancer des interjections et des mots en mooré, l’une des langues nationales du  Burkina.                                                         

Cette adaptation à l’africaine de la pièce de William Shakespeare, la metteur en scène belge la doit aux artistes majoritairement burkinabè. Elle a laissé à ces comédiens, la liberté de faire ré-découvrir ce classique, à travers leur culture et leur réalité. «J'aimerais, à travers ces acteurs, grâce à eux, rendre à ce texte de Shakespeare ce mélange d'étrangeté et de ’’pas inconnu’’ Ils nous font entrevoir qu'une autre réalité existe, fuyante, mystérieuse et pourtant bien présente en nous. Comme si l'on sentait confusément la présence en nous -je le dis malgré le cliché- de l'Afrique, qui est le berceau du monde», a déclaré Isabelle Pousseur. Le résultat ? Une touche africaine tout au long de la pièce. Les comédiens arborent parfois des vêtements à base de feuilles. Ils chantent en langues nationales bissa et en san, exécutent des pas de danse au rythme d’un tam-tam africain. On est bien loin de la musique et de la danse européenne ! Sur la scène, comme si on était dans un village africain, l’obscurité est épaisse et, dans la forêt représentée par des arbustes choisis parmi les espèces les plus répandues dans le pays (manguiers, neem, faux sapin, eucalyptus), on s’éclaire muni de lampe torches et de téléphones portables dotés de lampe. Arrosées par un jeu de lumières qui mélange pénombre, lumières tamisées et lumières vives, les différentes scènes de cette pièce à rebondissement sont autant de péripéties qui s’achèvent par trois mariages heureux : ceux du duc Thésée et de la duchesse Hippolyte, de Lysandre et de Hermia, puis de Démétrius et d’Héléna. Une fin en douceur qui pousse le lutin Puck à s’adresser aux spectateurs en ces mots : « Ombres que nous sommes, si nous avons déplu, figurez-vous seulement que vous n’avez fait qu’un mauvais somme ».




05/11/2012
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